Jill Abramson, directrice de la rédaction, entourée de Dean Baquet, rédacteur en chef, et de Bill Keller, auquel elle succède à la tête du New York Times.
Ses thèmes de prédilection : l’argent en politique et les combats féministes
Mais, de l’avis général, Jill Abramson s’est imposée tout naturellement. Elle était déjà le bras droit et l’héritière désignée du directeur sortant, impatient de retourner à l’écriture après huit années éprouvantes sur fond de crise de la presse, entrecoupées de scandales et d’enlèvements de journalistes du Zimbabwe à l’Afghanistan, en passant par la Libye. « Jill est intègre et elle a la légitimité pour ce poste. En plus, elle est dure », souligne Bill Keller qu’elle remplace. Il faudrait ajouter qu’elle est crainte et respectée. Sa franchise est parfois décrite par des collègues comme frisant la brutalité. « Je n’ai pas décroché ce poste parce que je suis une femme. Je l’ai eu parce que j’étais la personne la plus qualifiée », a affirmé tout simplement la nouvelle directrice au Guardian. Diplômée de Harvard en histoire et en littérature, Jill Abramson débute au Time magazine en 1973, avant de grimper les échelons dans une publication juridique, The American Lawyer. En 1988, elle rejoint The Wall Street Journal, à Washington, pour y mener des investigations. Ses thèmes de prédilection : l’argent en politique et les combats féministes. Elle coécrit un livre sur la controverse autour de la nomination à la Cour suprême du juge Clarence Thomas, accusé de harcèlement sexuel par une collaboratrice. Sur les bancs de la salle d’audition du Sénat, la reporter se lie d’amitié avec l’incendiaire chroniqueuse du New York Times, Maureen Dowd, qui la fait entrer au journal en 1997. Un rêve pour cette native de l’Upper West Side. « Dans ma famille, The New York Times remplaçait la religion. Ce qu’il écrivait était l’absolue vérité. » Devenue chef du bureau du New York Times dans la capitale américaine, Jill Abramson hérite de ce que l’on surnomme alors la « Tchétchénie » : une enclave défendant fièrement son autonomie, en conflit permanent avec les apparatchiks de Manhattan. Si elle n’a pas souvent porté de gilet pare-balles au cours d’une carrière très américano-centrique, Jill Abramson évoque ses années à Washington comme une montée au front permanente. Avocats et lobbyistes tentent d’empêcher la publication d’enquêtes indésirables. Mais ses pires ennemis sont dans sa propre hiérarchie.
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